8.3.09

Milena Agus : Mal de pierres

En lisant Mal de pierres, je n'ai pu m'empêcher de repenser à La Storia ou à quelques nouvelles d'Elsa Morante qui racontent une même Sardaigne primitive, une même altérité de ces femmes songeuses qui, à force d'être traitées de "dérangées" finissent par tout faire pour prouver qu'elles le sont, un même univers où le réalisme le plus cru et le rêve se côtoient en permanence.

Mal de pierres est le second roman de Milena Agus (1959). Un bref récit d'à peine 140 pages qui nous emmène dans une famille sarde étrange, où les non-dits, les secrets, les mesquineries construisent, en négatif, une femme - la grand-mère de la narratrice. Une femme à la recherche du Grand Amour, de la communion des âmes et des corps, qui vit une relation de couple à la fois navrante et étonnante avec un homme qui ne l'a épousée, semble-t-il, que pour la libérer de sa famille, de sa mélancolie maladive et d'une vie sans espoir. Un homme qui, tout en ne s'intéressant qu'aux potentielles déviances sexuelles de sa femme, l'appuiera à de nombreuses reprises dans sa quête identitaire et fera tout pour la rendre heureuse. Sans l'aimer.
Malade, nerveusement et physiquement, c'est en la figure peu romantique, a priori, d'un unijambiste rescapé de la seconde guerre mondiale, rencontré dans une maison de cure de Civitavecchia, qu'elle incarnera la passion cherchée depuis toujours. De cet amour fou vécu pendant quelques semaines sur le continent, qui lui permettra, à plus de 40 ans, de devenir enfin mère, elle ne gardera rien, semble-t-il, qu'un souvenir et une nostalgie susceptibles, à tout moment, de lui faire abandonner mari et enfant pour partir avec ce Rescapé adoré.
Rien... sauf cette histoire, que la narratrice nous livre en se basant apparemment sur les bribes de confidences de sa grand-mère. Une histoire qui nous attache et nous ménage bien des surprises, jusqu'à la dernière page, où se révèle avec brio la grande maîtrise narrative de l'auteur.
A découvrir absolument, pour deux bonnes heures de voyage dans une Italie ensorcelante... et peut-être un peu ensorcelée.

3 commentaires:

M a dit…

Nathalie tu as su exciter ma curiosité ! 2 h ? Parfait pour mon prochain voyage à Paris !
Gracias pour ce résumé...

Anonyme a dit…

Très difficile à faire au demeurant, ce résumé, sans dévoiler tout le truc. Parce que bien sûr, il y a un petit jeu sur la forme qui doit rester une surprise pour le lecteur et qui donne tout son sel à la chose...

Mlle Swann a dit…

Je n'ai pas été aussi enthousiasmée par la lecture de ce oman c'est bien, mais un peu vide par moment, heureusement la fin redonne du souffle à l'intrigue!